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Radiobalisage > MERCAN DEDE "Dünya" (ONEARTH Records)


Six longues années auront été nécessaires au flûtiste et DJ turc pour peaufiner le double album ici présent. Six années durant lesquelles Mercan Dede reconnaît avoir réfléchi à l’état de la planète, mais aussi étudié les beaux-arts ou encore enregistré dans le désert jordanien. Six années d’un recul vivifiant qui voient notre phénomène montréalais revenir avec 17 nouveaux titres réunis sur les deux volumes d’un projet explicitement dédié au…soleil !


Le premier volume, "Sunset", se réfère donc au lever du soleil, investissant un champ sonore hybride, propice à une certaine forme de danse "contemplative". Les rythmiques, répétitives mais polyvalentes, s’y distinguent avec force, dynamisant des mélodies de flûte mais aussi de oud éminemment rêveuses. Serpentant sur une plate-forme de grooves tour à tour house, downtempo, dub voire trance, Arkin Allen réaffirme ici clairement son attachement à un dancefloor ethno-futuriste capable d’assimiler accents ottomans comme persans ou balkaniques.

Concernant les 9 titres du second volume "Sunrise" (coucher du soleil), le flûtiste a remisé son arsenal techno, pour ne mettre l’électronique qu’au seul service de l’instrumentation orientale classique. Les éléments digitaux s’y font discrets, jouant surtout un rôle de surligneur ou d’exhausteur climatique. Sur ce second volume le DJ fait une démonstration habile de ses talents de vagabond pluri-acoustique. Plus posée, cette partition se veut aussi plus sentimentale, distillant une mélancolie ambiante qui serait comme traversée d’un souffle épique. Flûte ney et violon y occupent ainsi les places centrales, imprimant avec élégance leur caractère rural et ancestral. Avec "Sunrise", Mercan Dede poursuit son travail d’émancipation de la musique turque ottomane, l’inscrivant dans une perspective de dialogue constant avec ses voisines géographiques et culturelles, loin des grandes métropoles occidentales. L’adjonction minutieuse d’éléments tziganes ou arabes s’opère avec un naturel bluffant, renforcée par des climats narratifs ardents.

A noter par ailleurs que "Dunya" voit deux chanteuses réputées y prêter leur voix, l’anatolienne Sabahat Akkiraz et l’iranienne Azam Ali. Mais une autre voix plus emblématique encore – et non moins surprenante – s’y fait entendre celle de… Mahatma Gandhi !
Au bout du compte, Mercan Dede délivre un projet d’une belle maturité, se faisant au passage le messager éclairé d’une Turquie qui, loin de renier ses racines, sait se montrer toujours plus technophile et mondialiste !

'Dunya' de MERCAN DEDE a été programmé dans la Mission 166 du Solénoïde

Lien : mercandede.com

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